La crise sanitaire (Covid-19) a entraîné pour de nombreux propriétaires une baisse des revenus rendant difficile le remboursement de leur prêt immobilier. Voici trois solutions pour l’aménager en attendant une amélioration de la situation.
31 % des Français remboursent actuellement un crédit immobilier selon un récent sondage OpinionWay pour Vousfinancer. Or, les conséquences économiques de la crise sanitaire actuelle – telles que la perte d’un emploi ou le chômage partiel de longue durée – pèsent sur le budget alloué par les ménages à ce prêt. Au point parfois de ne plus réussir à le rembourser. Plusieurs solutions existent pour passer la période difficile. En voici trois, plus rapides que la renégociation du contrat de prêt, laquelle est en outre surtout avantageuse pour les ménages les plus solvables.
Avant tout de chose, il est essentiel de relire son offre de prêt. Toutes les banques n’autorisent pas le report partiel ou total ou la réduction des mensualités en cas de difficultés financières. Si le contrat prévoit au moins l’une de ces possibilités, il faut alors se pencher sur les conditions : une ou plusieurs fois par an, ancienneté du contrat de prêt etc. Quelle que soit la solution finalement adoptée, il est dans tous les cas vivement conseillé de demander une simulation à son conseiller bancaire. Le moindre changement a une répercussion directe sur le coût total du prêt en raison de l’ allongement de la durée du remboursement .
1. Reporter ses échéances
Le premier moyen pour aménager son crédit immobilier consiste à suspendre le paiement des échéances, c’est-à-dire obtenir leur report partiel ou total pendant une certaine période. Dans le premier cas, le remboursement du capital est suspendu pour une période définie avec le conseiller bancaire, mais les intérêts doivent continuer d’être payés. Le versement mensuel de l’assurance du prêt est aussi maintenu.Si le report est total, seule l’assurance doit toujours être remboursée chaque mois. Les mensualités sont à payer à la fin du crédit et le remboursement mensuel du prêt reprend à la fin de la période définie.
Le paiement des mensualités peut être suspendu pour une durée entre un à douze mois, en une ou plusieurs fois. Mais attention, cette solution peut avoir un coût élevé (voir encadré) , car la durée de remboursement est allongée et génère des intérêts supplémentaires. « Par exemple, pour un prêt de 200 000 euros souscrit il y a 2 ans à 1,5 % sur 20 ans, suspendre ses mensualités de 965 euros hors assurance pendant trois mois, rallonge la durée totale du prêt de quatre mois et engendre un surcoût de 885 euros », précise le courtier Vousfinancer.
Report : combien ça coûte ?Le report de 3 mois d’un crédit de 200 000 euros souscrit en 2018 à 1,5% sur 20 ans (965 euros de mensualité) entraînerait un surcoût de 885 euros et un allongement d’une durée de 4 mois. Pour un report de 6 mois de ce même crédit, il faudra compter 1 774 euros de surcoût et un allongement de 11 mois. Le report de 12 mois de ce crédit coûterait 3 565, 40 euros de plus et l’allongerait de 16 mois. Source : Vousfinancer (hors assurance) |
2. Moduler ses échéances
Autre option : la modulation des échéances de prêt. Son application est détaillée dans l’offre de prêt. L’idée est de négocier une baisse des mensualités initialement définies , en les augmentant ou les diminuant dans la limite de 10 % à 30 % du montant initial. A chaque demande de changement d’échéance – autorisé généralement qu’une fois par an par l’établissement concerné – la banque calcule un nouveau tableau d’amortissement.
Pour en bénéficier, le contrat doit disposer d’une clause de modularité. Celle-ci peut être activée en cas de perte d’emploi, de baisse de revenus ou d’accident de la vie. Cependant, cette clause ne peut être utilisée qu’au bout de 12 à 24 mois de remboursement du prêt. « Si vous avez jusque-là honoré tous vos remboursements, la banque n’a pas de raisons de vous le refuser. Pouvoir verser chaque mois quelques centaines d’euros de moins peut être un vrai coup de pouce pour traverser la période actuelle, avec un coût limité, reporté en outre en fin de prêt », considère Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer.
Modulation : combien ça coûte ?La modulation de 6 mois d’un crédit de 200 000 euro souscrit en 2018 à 1,5% sur 20 ans entraîne un surcoût de 524,70 euros et l’allongement de 3 mois. La modulation de 12 mois de ce même crédit coûterait 1038,90 euros de plus et un allongement de 5 mois. Source : Vousfinancer (hors assurance) |
3 Regrouper ses crédits
Pour les ménages disposant de plusieurs crédits , une autre solution peut être envisagée : la consolidation de dettes. Ce regroupement consiste à fusionner ses différents crédits – immobilier, à la consommation, découverts bancaires, etc. – en un seul. « Tous les prêts en cours sont rachetés et remboursés par anticipation par une banque spécialisée. L’emprunteur ne verse alors plus qu’une seule mensualité plus faible sur une durée d’endettement plus longue, et une enveloppe de trésorerie peut même parfois être ajoutée pour faire face aux difficultés financières passagères », indique Julie Bachet. Le montant des mensualités est alors plus ajusté en fonction de la capacité de remboursement de créditeur.
Source : LesEchos