Dix mois après la recommandation faite aux banques de mettre le holà, la durée des crédits immobiliers a atteint un record historique en octobre. Selon les données publiées mardi par Crédit Logement, la durée moyenne des prêts immobiliers s’est allongée à 235 mois (soit 19 ans et 7 mois), contre 230 mois en septembre. Pour l’accession à l’immobilier neuf, la durée des prêts atteint même 250 mois.
« La durée moyenne s’est accrue de près de 7 mois depuis mars, malgré le recul de la part des clientèles les moins bien dotées en apport personnel, explique le spécialiste de la garantie de prêt immobilier. Depuis juillet dernier, cet allongement des durées permet d’absorber les conséquences de la hausse des prix des logements ».
Fin 2019, le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) avait recommandé aux banques de revenir à des usages plus raisonnables après avoir constaté une dérive qu’il jugeait inquiétante. L’instance présidée par le ministre de l’Economie et des Finances avait notamment plafonné à 25 ans la durée de crédit et à 33 % le taux d’effort par rapport au revenu net de l’emprunteur.
Analyse des autorités en décembre
Pour Crédit Logement, qui est contrôlé par les banques, « l’allongement des durées offre la possibilité de contenir le taux d’effort (la part des remboursements dans les revenus mensuels, ndlr) dans la limite de 33 % tout en restant à moins de 25 ans, comme recommandé par le HCSF ». En septembre, celui-ci a annoncé pour la fin de l’année une première analyse de l’impact de sa recommandation sur la base des données des banques.
Face à un marché affecté par les conséquences de la pandémie, les banques ne jouent pas seulement sur la durée des crédits pour soutenir la demande, mais aussi sur les taux. Selon les chiffres de Crédit Logement, ceux-ci ont de nouveau légèrement baissé en octobre, à 1,21 % en moyenne (hors assurances) contre 1,22 % en septembre et près de 1,30 % au printemps.
La Banque de France, qui recense les conditions sur la totalité du marché, et avec un léger décalage, a constaté en septembre un taux moyen de 1,30 %, après 1,31 % en août . Des niveaux qui restent historiquement bas – deux fois moins élevés qu’il y a six ans, par exemple -, permis grâce à la politique ultra-accommodante de la Banque centrale européenne (BCE).
Production en chute
A l’aube du deuxième confinement, dont les conséquences pourraient faire craquer le marché et saper la solvabilité des emprunteurs, les autorités et les professionnels portent un regard différent sur le marché. Pour la Banque de France, qui fait état d’une progression des encours de 5,4 %, à 1.116 milliards d’euros, « la croissance des crédits à l’habitat reste soutenue ».
Sans donner de chiffres bruts, Crédit Logement préfère se focaliser sur la production, qu’il estime en retrait de 16 % sur les dix mois de l’année. Sur le seul mois d’octobre, son indicateur d’activité recule de 13,6 % alors qu’il augmentait de 11 % il y a un an à la même époque.
Pour l’organisation, la hausse des prix du logement, les recommandations du HCSF et le Covid-19 ont rompu la dynamique. « En dépit d’un rebond de la demande constaté dès le mois de juin et largement alimenté par les projets mis en sommeil durant le confinement, le marché n’a pas retrouvé sa vigueur de 2019 », déplore Crédit Logement.
Source : les echos